Vercors – Mes 4 jours de randonnée sur les traces du loup

Mise à jour le 28/03/2024
ascension-mont-barral-hiver

Le Vercors ! Son nom évoque les vastes étendues sauvages rythmées d'arrêtes calcaires, mais aussi le nom de son habitant le plus emblématique: le loup, véritable symbole de la vie sauvage dans nos forêts. Ce n'est pas une légende: le loup est bel et bien implanté ici depuis les années 1990. Voici mon carnet de voyage de 4 jours de randonnée à pied au cœur de la vallée d’Esparron, pour explorer les hauts plateaux du Vercors à la recherche des traces de ce prédateur légendaire.

Avatar
Vincent
Photographe et passionné par la nature, l'histoire et la gastronomie, Vincent aime raconter ses aventures et partager des spots sympas à travers ses photos!

Note: le séjour devait se faire en raquettes mais la météo en a décidé autrement – Qu’à cela ne tienne, cette randonnée hivernale n’en était pas moins remarquable!

Jour 1 – De Clelles au refuge d’Esparron

Arrivés en gare de Clelles, nous faisons la connaissance de Laurent, qui sera notre guide, intendant et chef cuisinier pour les 3 prochains jours. Nous vivons nos premiers pas sur les sentiers clairs calcaires du Vercors. Dans une ambiance de rentrée des classes (des grands enfants qui ne se connaissent pas encore) nous serpentons entre les buis qui se sont implantés en masse par ici. Les températures sont douces et la météo agréable.

Nous faisons connaissance de notre environnement et passons par les ruines du monastère de l’Esparron. L’endroit a servi de camps de résistance (comme il y en avait beaucoup dans le Vercors) il a été attaqué le 3 février 1944 par les allemands d’où la présence à cet emplacement d’un Mémorial.

Histoire de se mettre dans l’ambiance de notre recherche du loup nous posons deux pièges photos près de deux croisements stratégiques, l’un en contrebas du monastère et l’autre dans une clairière non loin du refuge. Avec un peu de chance l’un d’entre eux photographiera le passage d’un visiteur nocturne à quatre pattes. Croisons les doigts, laissons la magie de la nuit opérer.

Nous prenons place dans notre quartier général : le grand luxe ! Un poêle autour duquel 3 canapés offrent de jolies perspectives de lecture. Au coin du feu qui carbure à plein régime, Laurent nous sert une bière artisanale (locale bien sûr) et nous précise le programme du séjour. Nous réchauffons les corps et les esprits autour d’une bonne soupe et d’une gratin de crozets.

Jour 2 – Rochers de l’Aiguelette, Trézanne

Premier réveil au bruit des gouttes qui ruissellent sur le toit. La journée sera humide. Nous nous équipons pour rester au sec et partons direction Trézanne, près de Chichilianne (la bourgade la plus proche).

Nous allons randonner autour du Mont Aiguille mais avant de partir direction la chèvrerie pour rendre visite aux biquettes ! Nous sommes accueillis par un tout petit chevreau qui venait de naître, trop mignon ! Laurent nous explique que cette chèvrerie élève des chèvres provençales mais aussi une autre espèce plus rustique, des brebis de race Brigasque. Plus grandes, plus trapues : le loup doit s’en méfier un peu car, paraît -il, elles n’ont jamais subi d’attaques !

C’est parti pour la randonnée du jour : nous avons de la chance, les précipitations se sont calmées. La montée vers le Col de Papavet est agréable et offre de jolis points de vue sur le Mont Aiguille (lorsqu’on n’est pas trop occupés à chercher des ammonites qui jonchent le sol).

C’est surtout le chemin qui longe la crête lorsqu’on file en direction du col des Pellas que je retiens : étroit, se faufilant entre les pins sylvestres et spectaculaire aussi par moments avec sa vue sur l’Aiguille qui n’a jamais aussi bien porté son nom que vue d’ici.

Retour dans le Val d’Esparron dans notre Quartier Général pour un dîner réconfortant à base de saucisses de Chichillanne (locales, encore une fois) . On se repose pour appréhender la journée de demain. Pour l’instant, il pleut mais Laurent nous dit que la météo annonce de la neige sur les hauteurs demain matin. On croise les doigts et on s’endort en rêvant d’empreintes de grand canidés parmi les flocons, les esprits échauffés par la silhouette non identifiée captée par l’un des pièges photo mis en place hier. La silhouette est flou et la distance est élevée : difficile d’affirmer qu’il s’agit d’un loup mais nous voulons y croire bien entendu.

Jour 3 – L’ascension du Mont Barral, pieds dans la neige

Le réveil n’est pas facile. Ils faut croire que la pluie sur le toit et le grand air sont bons pour le sommeil. Le temps d’engloutir un café chaud et nous nous préparons déjà pour le départ. Laurent, jumelles sur les yeux scrute les hauteurs… il nous confirme que la neige est bien là et que nous emmènerons des crampons avec nous pour ne pas glisser en arrivant au sommet.

Le soleil brille, le paysage est sublimé par un joli saupoudrage blanc.On a les yeux qui brillent: des enfants un matin de Noël. Nous entamons la montée vers le Col de Menée, la neige “cotonne“ sous nos pas.

Rapidement nous tombons sur des empreintes de loup fraîches dans la neige. Il est passé là, tôt ce matin. Laurent nous explique comment reconnaître une trace de loup : taille de la paume d’une main, espacement entre les traces, … il semble y avoir peut de doutes ! Nous sommes très heureux de suivre littéralement sa trace.

Cela nous motive à continuer la balade en direction du Col du Jiboui. Après des passages dans les arbres particulièrement photogéniques nous arrivons au col, lieu de pâturages. L’été ici, ce sont les patous qui font la loi ! Comme c’est encore l’hiver nous pouvons piquer niquer tranquilles et goûter à une incroyable tomme de brebis du coin.

Après le déjeuner fesses sur la neige et visage au soleil, nous attaquons la dernière partie de la rando du jour et partons “à l’attaque” du Mont Barral

Une belle petite montée avec des airs de haute montagne nous attend ! Nos efforts seront rapidement récompensées par les points de vue magnifique sur le Dévoluy et les Ecrins. D’un seul coup un oiseau à la belle envergure retient notre attention. Après contrôle à la jumelle, Laurent nous confirme qu’il s’agit bien d’un Aigle Royal. Beaucoup d’émotion en le voyant voler en cercles au-dessus de nous permettant à chacun d’entre nous de l’observer à travers les jumelles.

Nous sommes arrivés au sommet du Mont Barral et le vent souffle fort ! ça décoiffe ! De retour au refuge pour un festin bien connu des randonneurs à base de formage fondu. Laurent nous prépare sont dessert spécial à la lampe frontale. Cuisiner à la frontale est un discipline culinaire à part entière !

Jour 4 – Col du Prayet – Platary puis retour à Chabulière

Dernier réveil au refuge. Comme le programme a été quelque peu chamboulé par la pluie au début du séjour, Laurent nous propose de réaliser cette dernière randonnée vers le Platary le matin avant notre retour à la maison. Un petit défi que nous acceptons avec grand plaisir.

Nous partons de bonne heure pour une montée plutôt courte mais directe. Nous traversons et longeons le ruisseau du Prayet dont l’eau semble tellement calcaire de de curieuses concrétions y apparaissent autour des décompositions végétales. “Une spécificité de ce ruisseau”, nous dit Laurent.

Nous arrivons au col du même nom (Prayet) et là : la vue se dégage et on tombe nez à nez avec le Mont Aiguille ! Sa silhouette est si particulière qu’on comprend que cette montagne ait été le berceau de l’alpinisme (première ascension en 1492).

La montée vers le Platary continue à travers la forêt . Peu à peu le chemin se dégarnit et la vue s’ouvre à nous. Sous nos pied le Trièves puis au loin le Dévoluy et les Ecrins à nouveau. Si l’ont regarde plus au Nord on voit au loin Grenoble puis les Haut Plateaux du Vercors. Les nuages créent des effets de lumière. Le vent se lève et déjà nous n’avons plus très chaud.

On essaye de s’imprégner une dernière fois de ces paysages somptueux avant d’entamer la descente. Le retour se fait à vive allure d’abord à travers les chaumes puis dans les bois. Un chemin très joli qui nous amène à nouveau jusqu’au ruisseau et puis, finalement, au refuge d’Esparron.

Nous partageons un dernier repas à cette table autour de laquelle nous avons si bien mangé, discuté, joué pendant quatre jours. Après le repas, départ rapide pour redescendre en direction de Chabulière pour transfert à la gare de Clelles.

C’est ici que nos chemins se séparent. Laurent nous recommande l’ouvrage de Jean Marc Landray intitulé “Le Loup” pour prolonger l’expérience et devenir de vrais experts du loup ! Je vais essayer de me le procurer car cette mise en bouche m’a particulièrement intéressé .

Séjour “Déconnexion dans la Vallée des Loups” – Synthèse

C’est des souvenirs plein la tête qu’on entreprend le chemin du retour. On se reconnecte au réseau et à notre vie quotidienne, loin des loups et des pins du Vercors. Je garderai en mémoire un séjour plein de belles rencontres (que ce soit notre guide mais aussi tout le reste du groupe), de randonnées (d’un niveau accessible) et de découvertes. J’ai appris énormément de choses sur la faune (le loup évidemment mais pas uniquement), la flore, l’histoire et les traditions du Vercors. Une région que je ne connaissais pas et que je reviendrai visiter dans d’autres circonstances.

Ce voyage a été réalisé dans le cadre d’une collaboration avec l’agence Grand Angle. J’ai conservé toute ma liberté d’écriture. Cet article contient des liens d’affiliation.